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Commenter l'actualité politique gabonaise

17 Apr

Le Gabon et ces Gabonais d’adoption dont il est fier

Publié par Samuel de Lekeï

Le Gabon et ces Gabonais d’adoption dont il est fier

La misère que quelques étrangers infligent aux Gabonais aujourd’hui ne doit pas faire oublier le bonheur que d’autres ont donné au pays de Léon Mba depuis près d’un siècle. Le débat de la xénophobie n’aurait jamais existé si les étrangers arrivés il y a quelques années, non plus pour faire leurs affaires mais pour atteindre les hautes sphères de la politique, avaient respecté l’héritage de leurs prédécesseurs dont le souvenir « d’hommes biens » a été gardé jalousement par le peuple gabonais.

« Depuis que je suis dans ce pays je n’ai jamais fait de la politique, je fais mes affaires, je te conseille de faire de même ». C’est un extrait du discours qu’Habib Sylla a tenu à Seydou Kane il y a quelques mois alors que le second, Malien comme lu, se débattait pour avoir une bonne place dans la liste PDG du 2ième arrondissement de Libreville dans le cadre des élections locales de 2013. Seulement le bouillant homme d’affaires n’a pas écouté son « grand frère ». Il est allé jusqu’à glisser 130 millions de francs à Léandre Zué pour s’assurer une place de conseiller municipale et éventuellement celle de maire de cet arrondissement. Un investissement nul et sans effet puisque l’homme n’a pu obtenir qu’une 7ième place sur la liste. Face à un Jean Eyeghe Ndong « propriétaire » du 2ième arr, la liste de Léandre Zué a été laminée. Seulement six conseillers pour le PDG, Seydou Kane perdant tout espoir de jouir d’une plus grande notoriété au sein de la diaspora malienne. Un échec qui a provoqué quelques malaises cardiaques chez ce Malien, orgueilleux et irrespectueux des Gabonais à la différence du vieil Habib Sylla.

Ce conseil donné par Habib Sylla à Seydou Kane est celui que Maixent Accrombessi aurait pu recevoir de l’avocat Fourn, du commerçant Saïzonou ou encore du photographe Paraiso, tous originaires du Dahomey et dont les vies ont été mises au service du Gabon et des Gabonais, marquant pour longtemps l’esprit du peuple qui les avait accueilli depuis les années1930. Chacun d’eux était venu pour gagner un peu d’argent, chacun d’eux a fini par donner sa vie au Gabon.

Les Béninois et les Togolais, les « Pôpô », arrivés dans ces années 1930 ou 1940 ont vécu au Gabon comme chez eux, respectant les us et coutumes et tissant des liens durables. Conséquence, leurs filles ont épousé des Gabonais, leurs fils ont étudié et joué au football aux côtés des Gabonais. Ils n’ont pas eu à demander la nationalité, elle leur revenait de droit. Ils en ont usé avec respect et amour. Qui oubliera l’élan patriotique d’un François Amegasse lors des matches d’Azingo National ? Personne. Comme personne ne remettra jamais en cause la nationalité ou le patriotisme de feu Charles Mensah. Augustin Boumah a bel été président de l’Assemblé Nationale et Mensah Zoguelet, ministre de la fonction publique. Ils sont nombreux dans les administrations les Olympio, Messan, D’Alméida, Dossou, Houangni, Soumaho. Ils sont parfaitement, et heureusement pour nous, Gabonais. Eux comme les Diop, Mistoul, Ndiaye, Folquet et Thardin.

C’est donc dire que la nationalité et le patriotisme de ces fils ou petits-fils d’immigrés venant du Sénégal, du Togo, du Benin ou même de France, n’ont jamais posé problème.

Ce qui pose problème c’est qu’il y a aujourd’hui des pseudo Gabonais qui sont arrivés au Gabon au cours des dix ou quinze dernières années, qui ont obtenu la nationalité de façon frauduleuse et qui occupent désormais des fonctions de souveraineté et par-dessus tout tentent d’exclure les Gabonais de la gestion des affaires de leur propre pays, encouragé en cela par Ali Bongo Ondimba.

Le cas le plus révoltant est sans doute celui d’Accrombessi, maître vaudou, qui est devenu l’œil et l’oreille d’Ali Bongo, et même sa bouche. Le dir cab du PR est arrivé au Gabon en 1996. Il nomme aujourd’hui des ministres et des présidents d’institution et donne même son avis sur les choix des patrons des forces de défense et de sécurité. De plus, l’homme visite le monde avec l’avion présidentiel quand il ne nargue pas les Gabonais avec leur propre argent dans les boîtes de nuit. Il le dit à qui veut l’entendre qu’il est le « dieu d’Ali ».

A ses côtés il y a un Liban Souleyman dont le nom et les traits rappellent qu’il s’agit d’un individu quia fui la guerre dans sa Somalie natale. Et d’autres encore tels que Jean-Denis Adossou s’enrichissent sauvagement entraînant le pays dans la faillite.

Ce qui est regrettable, c’est que cette situation jette l’opprobre sur toutes ces familles qui ont dignement servi le Gabon ou qui ont fait leur commerce depuis des décennies sans jamais injurier personne. Ils se sentent menacés car le sentiment anti étranger qui se développe n’est pas seulement tourné vers Seydou Kane, Maixent Accrombessi et autres Liban Souleyman, mais aussi vers tous ceux qui ont contribué à construire le Gabon et à qui l'on ne devrait rien reprocher.

Le 7 avril dernier, une réunion de notables des communautés étrangères s’est tenue dans le secret à Nombakelé. Y étaient présents, un chef coutumier sénégalais arrivé au Gabon en 1972, un commerçant béninois dont le père est arrivé au Gabon en 1952, un imam originaire du Mali et arrivé à Libreville en 1962, un ancien routier camerounais arrivé au Gabon en 1976, un enseignant togolais arrivé au Gabon en 1980 et trois Gabonais nés de mariages entre des gabonaises et des ouest-africains (Benin, Ghana et Senégal). Tous ont exprimé la même inquiétude : que leurs vies et celle des leurs enfants soient menacées à cause du comportement irrespectueux d’Accrombessi et compagnies. Des familles entières menacées parce que Ali Bongo Ondimba se laisse malmener par des hommes et des femmes qui ne s’intéressent ni au sort des Gabonais ni à celui de leurs frères Gabonais d’adoption.

Visiblement l’adoption pour Seydou Kane et les autres a raté.

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